De l’inné à l’acquis en éducation

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Quand enfants et parents s’éduquent mutuellement

CM : Dans le domaine de l’acquis, quelle est la part d’influence de l’environnement extérieur (école, copains) et des parents ? Qui des deux l’emporte ?
GM : C’est surtout les parents et surtout lors des premières années de vie. Il y a plusieurs paramètres. Il y a la notion d’attachement, c’est-à-dire la qualité relationnelle qui existe entre les parents nourriciers et le nourrisson. C’est la disponibilité affective des parents pour l’enfant, le fait de lui accorder une place en tant qu’individu. Un tel attachement donne une base de sécurité importante à l’enfant et cette base sera essentielle dans la façon dont la personnalité va se construire. Et puis il y a les styles éducatifs, la façon dont les parents vont mettre en place des pratiques, des attitudes éducatives. Il y a des pratiques qui se basent sur des normes, des interdits, des punitions, des sanctions, sans discussion, sans explications. Cela façonne la personnalité. D’autres parents ont un style appelé permissif, ils sont très chaleureux mais ne posent pas de limites et ne sont pas très structurants. Si ce style peut n’être d’aucun danger pour un enfant au tempérament plutôt calme et obéissant, il risque d’être préjudiciable pour un enfant plus impulsif car, n’ayant pas intériorisé les limites, il pourra se mettre en danger et avoir des soucis de socialisation. Et puis il y a le style démocratique, où les enfants sont responsabilisés, où on leur explique les décisions prises dans la famille. A priori, c’est ce qui fonctionne le mieux. Mais il n’y a pas de recette toute faite. Ce qui est « efficace » pour un enfant ne le sera pas forcément pour un autre.

CM : Ce qui nous fait rebondir sur la pensée de Judith Rich Harris qui remet en cause le primat de l’éducation parentale en expliquant que l’enfant lui-même conditionne l’attitude que ses parents ont avec lui et donc l’éducation qu’ils lui donnent.. Qu’en pensez-vous ?
GM : Je suis tout à fait d’accord avec ça. Dans les années 80, on évoquait déjà ça, cette notion d’ajustement réciproque. Pendant longtemps, on a eu tendance à évoquer les troubles du comportement de l’enfant soit par un manque éducatif, soit en accusant l’environnement. D’autres avaient une approche un peu plus génétique. Maintenant, on sait que le tempérament de l’enfant va conditionner certaines réponses de la part des parents. Certains parents par exemple supportent mal des enfants très vifs et ont tendance à adopter des comportements basés sur les réprimandes, les punitions… Qui vont faire que le tempérament de l’enfant va aussi évoluer sur un mode de l’opposition ! Cette interaction est évidente. La première chose pour les parents, qui est assez compliquée, c’est déjà de reconnaître que l’enfant a ses propres caractéristiques qui peuvent être différentes de celles qui existent chez les deux parents ou même chez l’un d’entre eux. Ils pourront peut-être agir sur certaines mais pas sur toutes. Il faut essayer néanmoins de proposer à l’enfant un environnement, des conditions de vie adaptées à son tempérament pour son épanouissement personnel et celui des parents.

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